




Du 17 au 20 octobre 2014
Le vendredi 17 octobre nous sommes partis à 3h du matin d’Aubrac pour profiter un maximum de notre journée. Les plus courageux ont pris le volant des deux minibus, les autres ont terminé leur nuit en essayant de ne pas attraper un torticolis. Nous sommes arrivés à 7h30 à Villefranche-sur-Saône, non sans péripéties dûes à notre GPS. Sur les coups de midi nous étions à Kaysersberg. Nous avions prévu un ravitaillement bien de chez nous car nous ne savions pas à quelle sauce nous allions être mangés. Pour une fois le ciel était avec nous ainsi nous avons pu pique-niquer sur des bancs secs avec vue sur un vignoble Alsacien au cœur du village de Kaysersberg classé plus beau village de France. Après avoir pris nos marques, nous avons partagé un café en terrasse dans une petite rue bordée de maisons à colombages. Notre visite de la verrerie d’Art à été écourtée par manque de souffleurs de verre. Suite à cette petite déception nous sommes parties vers Lapoutroie ; en route nous nous sommes arrêtés à une épicerie coopérative. Les producteurs locaux se relaient pour tenir le commerce où on trouve des légumes non calibrés aux normes actuelles, de la charcuterie, des plantes aromatiques, de la choucroute, du munster, mais seulement des produits de saison en lien avec le terroir. Nous nous sommes ensuite rendus à la distillerie Miclo qui produit des eaux de vie. La visite s’est décomposée en trois temps :
- La diffusion d’un film retraçant l’art de la distillation,
- La visite des installations et notamment des alambics,
- La dégustation des produits
Après une bonne désinfection de notre organisme nous avons fait un détour par « Le Linge » lieu de mémoire ; sur ce champ de bataille, les tranchées allemandes et françaises n’étaient qu’a quelques mètres. Nous le regrettons, mais le temps nous a manqué pour visiter le mémorial. Nous avions rendez-vous à 17h30 à la ferme auberge de Uff Rain tenue par Michel et Julie Deybach où nous attendait Jean-Paul Deybach, notre amis et correspondant sur place. Jean-Paul voulait nous accueillir avant le coucher du soleil pour nous présenter l’itinéraire que nous allions faire le lendemain matin. Nous avons donc assisté au coucher de soleil sur la montagne au son des chants mercaires.
A notre entrée dans l’auberge nous sommes immédiatement subjugués par l’ambiance. Il y a du monde d’ici et d’ailleurs. Les petits veaux qui viennent de naitre sont au fond de l’Auberge. Nous sommes émerveillés par la taille des cloches et la bauté des décors sur les colliers. Pour nous faire plaisir l’ensemble de la famille Deybach et quelques uns de leurs amis prennent leurs cloches, s’alignent en face à face et se mettent à sonner leur cloche l’un après l’autre. S’en suit une farandole de sonneurs de cloche qui traverse la petite auberge et devient au un lieu chargé d’émotion. Chacun l’exprime comme il peut ; certains ont la chair de poule, d’autres les larmes aux yeux. Jean-Paul qui se fait une mission de tout nous faire découvrir, nous amène dans la fromagerie, car, ce soir, il a un peu plus de temps pour nous expliquer la fabrication du Munster. Au centre de cette petite pièce, trône un chaudron en cuivre qui permet de faire chauffer le lait. Celui-ci sera ensuite brassé puis la présure y sera ajoutée pour faire cailler le lait. Le caillé sera découpé et le petit lait retiré. Le caillé sera mis dans un moule percé pour être égoutté sans pressage. Le deuxième jour le fromage est salé. Le troisième jour le fromage est démoulé, lavé puis stocké dans un local de séchage. Enfin il sera affiné en cave durant 21 jours, mais attention, au-delà, c’est l’odeur qui devient un problème… Suite à cette leçon de fromage nous sommes rentrés dans l’auberge pour un dernier verre de l’amitié avant d’aller poser nos valises dans une autre ferme auberge non loin de là. A la ferme auberge du Chrislesgut, nous découvrons des chambres rustiques, confortables et chaleureuses. A table nous dégustons du baechaoffa, c’est la potée alsacienne aux trois viandes (porc, mouton et bœuf) et aux pommes de terre. En dessert on nous sert un munster frais au kirsch.
A la fin de notre première nuit de repos, nous partons de notre hébergement à la pointe du jour pour rejoindre la famille Deybach à la ferme Auberge de Uff Rain où les deux troupeaux de la famille Deybach (celui Uff Raine et celui du Treh) viennent d’être traits et décorés. Ici les races sont mélangées ; on retrouve dans le même troupeau des Vosgiennes, des Aubracs et des Brunes. Les colliers qu’elles portent peuvent être très larges, ils sont ornés de rivets en cuivre et ont été astiqué pour l’occasion au même titre que les cloches. Nous avons flâné un moment dans la montagne avec les vaches, certains ont aidé à séparer les veaux de leur vache pour les mettre dans la bétaillère, beaucoup ont fait une séance photo. Puis le moment est venu, la famille Deybach a donné les consignes pour le troupeau d’hommes comme nous qui étaient venus pour l’occasion et nous sommes descendus au village de Mulbach en passant par la forêt. En chemin nous avons fait halte au village de Mitllach pour prendre le déjeuner dans la salle des fêtes avec l’ensemble des accompagnants. Après ce repas certains sont remontés dans les minibus, d’autres ont suivi encore le troupeau. Mais tous ont pu encore une fois assister au spectacle des sonneurs de cloches. Les sonneurs des Hautes Chaumes avaient invité des sonneurs suisses pour l’occasion. A notre arrivé à Mulbach nous avons découvert la fête qui présentait trois points d’animation :
- Dans et devant la salle des sports, il y avait les stands des fermes auberges qui vendaient leur produit du terroir qui pouvaient être consommés sur place sous un petit chapiteau. Ici il y avait aussi un alambic et de superbes cloches plus grosses les unes que les autres. A l’intérieur de la salle des sports, le comité des fêtes organisait un repas mercaire.
- Devant le stade, en face un toboggan gonflable pour les enfants, il y avait un autre chapiteau de restauration tenu par le kiwanis-Club de la vallée de Munster au profit de ses actions sociales.
- A côté du musée de la schlitte qui honore les anciens schlitteurs et leur dur labeur pour transporter le bois de feu, il y avait le stand de l’office de Tourisme où l’on retrouvait notre documentation. C’est aussi là que l’on trouvait l’apéritif concert et quelques artisans et producteurs locaux.
Une calèche permettait de rejoindre ces différents points d’animation.
Par la suite, à la demande de Jean-Paul, quelques-uns d’entre nous ont continué à accompagner le troupeau jusqu’à la ferme d’hivernage. Pendant ce temps, d’autres ont profité un peu plus de la fête et ont fait un détour par Munster pour alimenter les midi-bus. Quand les personnes présentes dans le mini-bus ont rejoint le troupeau juste avant l’arrivée le jeune Taureau Aubrac était le dernier accompagné des Aubraciens qui, eux, commençaient à fatiguer. Il faut dire qu’il faisait très chaud avec soleil de plomb. A l’arrivée à la ferme, on s’est dépêché de remonter dans le mini-bus car nous ne voulions pas anticiper sur les surprises que nous réservait M. Delbach pour le Lundi. Ainsi nous sommes revenus à notre ferme-auberge pour nous rafraichir avant de retourner à Mulbach où M. Sangelé, président du comité d’animation, nous avait invités à la soirée montagnarde animée par l’orchestre « Em gila sini band ». Quand nous sommes entrés dans la salle, nous avons été accueillis par l’animateur qui avait parlé de l’Aubrac toute la journée au micro. Nous ne nous attendions pas à être aussi connus, en effet toute la journée, grâce à nos foulards « Transhumance Aubrac », nous nous sommes fait accoster par des visiteurs qui voulaient connaître notre Transhumance ou qui étaient déjà venus à Aubrac.
A la fin de d’un copieux dîner, l’animateur a donné la parole à Serge Niel, le président de notre association, il nous a fait lever et en a profité pour remercier la famille Deybach et M. Sangelé pour leur accueil. Il a expliqué comment nos montagnes avaient fait pour se rencontrer.
Nous sommes retournés nous asseoir, le bal à repris et on a pu remarquer que nombreux sont les jeunes qui dansent sur leur musique traditionnelle. Les sonneurs des hautes-chaumes ont réalisé une nouvelle représentation avec des chorégraphies. Il est important de souligner que certains des sonneurs sont des fermiers aubergistes ; ils s’étaient réveillés tôt le matin pour la traite et la décoration des troupeaux. Puis ils ont fait toute la transhumance, de nouveau la traite du soir et le spectacle avec les cloches aux différents moments de la journée, c’est dire quelle énergie se dégage de ces acteurs du territoire vosgien au travers de cette fête.
Nous ne sommes pas rentrés trop tard car nous étions bien fatigués.
Après une bonne nuit de sommeil et un bon petit déjeuner, nous nous sommes dirigés vers « La maison du Fromage » à Gunsbach. En arrivant nous avons été accueillis par une dame en tenue mercaire qui nous à dirigés vers l’exposition « Les fromages de haute-traditions » qui présente les AOC, les races, les techniques de fabrication mais aussi le lien du fromage avec le terroir par son odeur ou son goût. Ensuite nous sommes allés dans l’ancienne grange à foin où, au son des bruits de la forêt, nous avons découvert l’exposition « Hêtre dans le forêt ». C’est dans une ambiance sereine que nous avons pris conscience de l’importance de la forêt pour cette vallée. Jean-Paul nous le fera un peu mieux comprendre le lendemain. Nous avons vu un film de qualité sur les quatre saisons dans la Vallée de Munster ; celui-ci nous a fait revivre ce que nous avions ressenti les jours précédents ; c’était une bonne synthèse. Avant d’aller dans la partie marcaire nous sommes passés par l’étable avec les vosgiennes. La marcairie est le point central de la visite, où une fromagère toujours en habit traditionnel a réalisé devant nous les gestes de la fabrication du Munster. Nous avons pu regoûter au siaskass, ce fromage frais servi avec de la crème, du sucre et du kirsch. A la fin de notre visite, M.Sengelé, président du Comité des fêtes, accompagné de M. Norbert Schickel, président de la communauté de communes, M. Pierre Gsell, Conseillé Général et M. Patrick Althusser, Maire de Mulbach, nous attendait pour que nous puissions échanger sur nos fêtes respectives.
C’est le Président de la communauté de communes de la vallée de Munster qui a pris la parole en premier tout d’abord pour nous accueillir puis surtout pour nous présenter un peu leur territoire. Puis Serge a présenté un peu la démarche de notre association. Jean-Claude à parlé de l’évolution de 1981 à aujourd’hui puis Elodie a présenté l’organisation générale de la Transhumance Aubrac. C’est M. Sangelé qui a clôturé la conversation en nous expliquant qu’il fallait aujourd’hui un relais car l’organisation de la fête devient lourde pour le comité des fêtes. Enfin il a fait remarquer que son idée de faire un partenariat avec l’Aubrac n’était pas si saugrenue compte-tenu que notre association avait eu le même idée. Nous avons bu le verre de l’amitié puis nous avons mangé au restaurant Stub de la Fecht de la maison du Fromage.
A notre arrivée à Eguisheim, nous avons eu le temps de visiter ce village classé plus beau village de France avant de rencontrer Paul Zinck, viticulteur retraité. Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, il nous à expliqué la méthode de distribution plutôt que les cépages qu’il cultive. Depuis l’installation, de son fils l’entreprise travaille sur l’export ainsi on a pu comprendre que l’export implique de travailler le relationnel pour installer un climat de confiance. Aussi ils bouchent les bouteilles destinées à l’export avec des capsules à vis pour éviter les bouteilles bouchonnées ; les étiquettes sont design ; tout est travaillé pour s’adapter à la clientèle. Philippe Zinck a reçu le trophé international catégorie demi-sec pour le Pinot Gris Portrait 2012. Les vins de cette cave ont réconcilié certains des participants avec le vin blanc. M. Zinck est un homme modeste qui a su nous faire passer le plaisir du travail bien fait. On a pu comprendre que son fils a su ajouter un brin de modernité dans cette entreprise familliale. Paul Zinck est une personne investie dans la vie locale, il a donc pu nous expliquer le fonctionnement de la fête des vignerons qui se déroule chaque année en août à Eguiheim. L’entrée à la fête est payante (9 €/pers) pour assister aux différents concerts. A la fin de notre dégustation-discussion, il faisait nuit et nous devions rentrer à la ferme auberge pour nous restaurer.
Le lundi matin nous avons retrouvé Jean-Paul Deybach a Mulbach, il nous a accompagnés dans l’atelier de M. André Haeberlé, sabotier qui nous a fait partager les secrets d’une tradition léguée par ses ancêtres. La fabrication des sabots est ici mécanisée ; après avoir découpé 2 morceaux de bois grossièrement (issues du même bois vert) le sabotier les met dans une première machine qui va faire la forme des deux sabots en même temps grâce à un modèle. Puis le sabot sera creusé par une autre machine, pour, au final, obtenir une paire de sabots. Ces sabots sont ensuite séchés pour être vendus pour des déguisements mais de plus en plus pour le travail, à cause de leur faculté à isoler les pieds thermiquement et à faire fonction de chaussures de sécurité. Nous avons tous eu en cadeau un porte-clef en forme de sabot puis nous sommes remontés dans le mini-bus pour retrouver les terres d’altitude. Nous sommes passés par des routes sinueuses dans la forêt aux multiples essences. Nous avons rejoint le frère à Jean-Paul qui tient la ferme auberge familiale à côté des pistes de ski de Gérardmer. Localisée sur la route des crêtes, la vue de la ferme auberge Breitzhousen y est superbe. Nous sommes ensuite allés à la ferme Auberge du Treh où Jean-Paul exerce avec sa famille son activité professionnelle. Mais quelle activité… agriculteur, producteur, fromager, restaurateur, agent d’accueil touristique. Un fermier aubergiste c’est tout ça à la fois ou réparti selon les compétenses sur chacun des membres de la famille. Jean-Paul nous a fait visiter ses ateliers de fabrication pour la charcuterie, ses batiments agricoles, sa cave où il conserve son fromage et son munster. Il nous a fait déguster ses produits, ce qui a mis l’eau à la bouche de chacun des participants ; de ce fait tout le monde à acheté un produit de la famille Deybach.
L’heure de déjeuner est arrivée ; nous nous sommes donc dirigés vers la ferme auberge du Grand Ballon qui est juste en dessous du plus haut sommet des Vosges : Le Grand Ballon 1424 m. Un fermier s’y est installé récemment pour y élever des chèvres ; il s’est diversifié avec les vaches, cochons, poules et canards. Nous avons dégusté une succulente choucroute dans une ambiance chaleureuse et montagnarde. C’est ici que s’est terminé notre excursion sur la route des crêtes ; après une photo de groupe et un au revoir chaleureux avec la promesse de se revoir. Nous sommes redescendus dans la vallée avec M. et Mme Deybach pour rencontrer M. Denis Pfauwadel, éleveur de Salers à Wattwiller. Son système d’élevage est similaire de ceux de l’Aubrac.
Quand les premières gouttes du week-end ont commencé à tomber, nous avons dit au revoir à M. et Mme Deybach puis nous sommes remontés dans notre mini-bus pour prendre la route du retour.